Jean Cayrol
Biographie
Jean Cayrol, né le 6 juin 1910 à Bordeaux et mort le 10 février 2005 dans la même ville, est un écrivain (poète, romancier et essayiste), éditeur et résistant français. Dès son adolescence, Jean (Raphaël Marie Noël) Cayrol se consacre à l'écriture et fonde à l'âge de seize ans une revue littéraire, Abeilles et Pensée (en hommage à Paul Claudel), avec Jacques Dalleas. C'est la voie qu'il choisit après l'échec de son doctorat en droit. Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Cayrol s'engage dans la Résistance (réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy). Arrêté en 1942, après avoir été dénoncé, il est déporté N.N. (Nacht und Nebel) au camp de concentration de Mauthausen-Gusen (camp Gusen I). Cette expérience a nourri ses Poèmes de la nuit et du brouillard. Au camp de Gusen, Jean Cayrol rencontra le père Jacques de Jésus, un carme français déporté pour faits de résistance - notamment, le fait d'avoir caché, dans le collège d'Avon dont il était directeur, des maquisards et des enfants juifs. Ce prêtre mourut peu après la libération du camp par l'armée américaine. Jean Cayrol lui dédiera Chant funèbre à la mémoire du Révérend Père Jacques en ces termes: «Pour mon plus que frère, le R.P. Jacques du carmel d'Avon […], qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d'épuisement à Linz, le 2 juin 1945.» Dans Au revoir les enfants de Louis Malle (1987), le Père Jacques est représenté par un personnage nommé Père Jean (qu'incarne Philippe Morier-Genoud). Jean Cayrol a obtenu le prix Renaudot en 1947 pour son roman Je vivrai l'amour des autres, le grand prix littéraire de Monaco en 1968 pour l'ensemble de son œuvre et le prix international du Souvenir en 1969. Il a été membre de l'Académie Goncourt de 1973 à 1995. Il a également participé, comme scénariste ou réalisateur, à quelques films et téléfilms, dont au moins cinq courts-métrages, avec la complicité de Claude Durand. L'un de ces films, Nuit et Brouillard, dont il a écrit le commentaire, a vivement impressionné des générations entières de spectateurs depuis 1955. Au début des années 1950, il entre comme éditeur aux éditions du Seuil, et y restera jusqu'à la fin des années 1980 où il a rencontré Jeanne Durand (1921-2020) qu'il a épousée et qui l'a soigné jusqu'à son décès en 2005. Son passé et son tempérament discret lui font éviter de se montrer en société, même après son élection à l'Académie Goncourt. En revanche, il se montre actif comme éditeur: son goût et sa patience lui font découvrir et publier des auteurs alors inconnus qui trouveront leur voie, comme Philippe Sollers, Didier Decoin, Roland Barthes, Erik Orsenna, Bertrand Visage, Marcelin Pleynet, Denis Roche ou encore Mohammed Dib et Kateb Yacine. Beaucoup d'entre eux suivront l'exemple de Jean Cayrol pour devenir d'importants découvreurs de jeunes talents littéraires. L'écriture de Cayrol, dominée par la figure de Lazare, revenu d'entre les morts, représentation du retour de l'univers concentrationnaire, s'est toujours située dans une modernité radicale, avant même l'émergence du «nouveau roman». Les personnages sont passifs et anonymes face à un monde dépourvu de sens, dans un espace détaché de la conception narrative classique. ... Source: Article "Jean Cayrol" de Wikipédia en français, soumis à la licence CC-BY-SA 3.0.
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