Marc Gérard
Biographie
Issu du théâtre (en 1908, par exemple, partenaire de Harry Baur et Firmin Gémier dans Sherlock Holmes), cet acteur de composition frise déjà la cinquantaine quand, en 1913, son nom apparaît dans un générique de film. Il s'agit de Germinal. Bientôt son affreux savetier dans L'Enfant de Paris produit une forte impression. Quand commence la guerre, ne se trouvant probablement pas mobilisable, Marc Gérard travaille beaucoup au cinéma où s'affirment son allure un peu égarée, son expression chafouine. Dans Le Comte de Monte-Cristo, « très réussi en Faria squelettique et hirsute », il frappe Louis Delluc (Le Film, 4 février 1918). Dans Les Travailleurs de la mer, Marc Gérard se surpasse et André de Reusse (Hebdo Film, 9 février 1918) juge son Clubin « absolument splendide : sournoiserie, hypocrisie, ruse, méchanceté, il a su extérioriser l'âme tortueuse du triste personnage avec un art merveilleux, sans aucune exagération dans l'effet. Sa scène avec Rantaine est un des beaux morceaux de la bande ». Saisissant Martial dans Travail, Marc Gérard est plusieurs fois l'interprète de Georges Lacroix, en particulier dans Haine, ce qui lui vaut un nouvel éloge signé Delluc (Le Film, 8 juin 1918) : « Dans Les Travailleurs de la mer il était excellent Je sais depuis longtemps qu'il a tout ce qu'il faut pour des rôles visuels. Quand je l'ai entrevu jadis j'avais remarqué son ingéniosité de composition et de passion lente. Je me souviens d'un soir d'Alkestis à Orange, où le vieux Phérès égoïste saisit l'auditoire de huit mille spectateurs, avec les moyens les plus simples et les plus vrais. Qu'on lui évite les romantiques, voilà tout. » À cette époque, Marc Gérard interprète La Vengeance de Malet, mais en est-il aussi le metteur en scène ou s'agit-il de Lacroix ? L'incertitude demeure. C'est en tout cas le dernier film auquel sera associé le nom de cet acteur solide, dont la trace est bientôt perdue.
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