William Sanders
Biographie
En 1911 la société Éclair ne ménagea pas ses efforts pour «lancer» comme un produit nouveau l'enfant prodige sur qui elle comptait pour concurrencer Bébé qu'on avait vu apparaître à la fin de 1910 chez Gaumont. Le 19 août, par exemple, Ciné-Journal annonçait «Une étoile qui se lève», ajoutant le 16 septembre ces précisions: «Un petit Anglais de quatre ans et demi: Little Willy, dont la physionomie, les gestes, les moindres mouvements sont extraordinaires de justesse et stupéfient chez un enfant aussi jeune. C'est au prix de gros sacrifices que la société Éclair s'est attaché ce petit prodige qu'elle a fait venir tout spécialement de Londres.» Fin septembre allait être mis sur le marché un premier film amusant intitulé Le Petit Willy défie Tim Jackson. Suivraient, jusqu'en 1916, soixante-dix autres titres. Complaisamment les journaux corporatifs s'étendaient sur les multiples talents de Willy : «Un grand artiste. Il sait patiner, boxer, lutter, monter à bicyclette, jouer du violon, et il a battu des records pédestres. Son éducation sportive est complète. Le 1er septembre 1911, il a reçu le baptême de l'air...» annonçait le 18 octobre 1912 Le Cinéma et l'Écho du Cinéma réunis. Ce blondinet bouclé avait débuté en Angleterre en interprétant pour Hepworth quelques pochades comme Rescued by Rover. Un émissaire d'Éclair vit un de ces films et apprécia. L'offre de carrière en France survint opportunément comme les parents Sanders rompaient avec Hepworth. Chez Éclair, tout était à recommencer, Maurice Kéroul fut chargé des scénarios Joseph Faivre (frère du dessinateur Abel Faivre) de la mise en scène, et le démarrage ne fut pas mal accueilli. Après une année d'exploitation. Ainsi médiatisé par Ciné-Journal en avril 1912, l'espiègle petit Anglais se répandait alors à l'écran à raison de deux films par mois en moyenne (Willy et le charcutier, Willy contre Bombardier Wells, La Ruse de Willy, Willy a la rage, etc.). Apres avoir affronté «en chair et en os» le public de plusieurs cinémas parisiens: Kinérama, Pigalle, Zénith, Cosmorama, il partait en avril 1913 présenter son «numéro de fantaisie» à Londres, Liverpool, Manches- 1er. Succès: le Daily Sketch du 3 mai consacrait une page à Willy et à son «habile et sympathique metteur en scène M. Joseph Faivre ». En décembre 1913 et janvier 1914 Little Willy poursuivait ses tournages sous le soleil de Nice. Le rythme ralentissait Au début de 1915,son contrat avec Éclair étant arrivé à expiration, l'enfant prodige se trouvait de nouveau à Blackpool où il interprétait un film patriotique intitulé Wake up! Un autre contrat le ramenait en France où les tournages reprirent chez Éclair jusqu'en mai 1916: le dernier film semble avoir été Willy tu as tué ma fille, présenté en juin 1916. Willy Sanders avait alors 9 ans et le «produit» ne pouvait plus surprendre. Son nom allait néanmoins rester populaire: en avril 1922 il devait rappeler encore quelques souvenirs au public du Gaumont Palace où, dans La Grande Revue qu'il interprétait avec Onésime son père, le jeune Billy Bourbon se faisait appeler «le Petit Willy»
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