Rabah Belamri
Biographie
Rabah Belamri, né le 11 octobre 1946 à Bougaa, dans la région de Sétif, en Algérie, et mort le 28 septembre 1995 à Nanterre, est un écrivain algérien. Rabah Belamri perd la vue en 1962 (année d'indépendance de l'Algérie). Après des études au lycée de Sétif, à l'École des jeunes aveugles d'El Biar (Alger), à l'École normale d'instituteurs de Bouzareah et à l'Université d'Alger, il arrive en 1972 à Paris où il soutient un doctorat sur L'œuvre de Louis Bertrand, Miroir de l'idéologie coloniale qui fut publié par l'Office des Publications Universitaires (OPU) en 1980. Il acquiert la nationalité française. Il est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes, de contes et de romans inspirés de son enfance algérienne. « Présents dans mes romans, les thèmes de l’enfance sont au centre du Soleil sous le tamis et de Mémoire en archipel. Ces deux récits, situés dans l’univers de l’enfance, se présentent à la fois comme une exploration des soubassements de mon être et comme une archéologie de la mémoire collective. » Dans ses œuvres, Belamri situe ses personnages dans des lieux de son enfance d'une Algérie en guerre et post-indépendance, et les fait parler en arabe dialectal en puisant leurs expressions dans le terroir local. Ainsi dans "Femmes Sans Visage", il décrit l’euphorie d’alors : « Les salves du fusil, les klaxons en folie, les vibrations de tambour… une rumeur de youyous ou de chants patriotiques diffusés par haut-parleurs. » Conteur émérite, il empruntait à la culture populaire algérienne « des symboles, des métaphores, des tournures de phrase, des rythmes de langage, des modes de narration ». Mais plus qu’un conteur, Belamri s’intéressait naturellement aux problèmes algériens ; ainsi, s’agissant de la condition féminine, pour lui : « Notre société sera condamnée à l’erreur et à l’impuissance tant que la femme ne sera pas prise en compte », car « symbole de liberté et de vie ». Il dit non aux « idéologies de la régression. » Quant à la place des écrivains algériens de graphie française dans la culture nationale : « Voilà plus de quarante ans que la littérature algérienne de langue française a acquis une légitimité en Algérie et hors de l’Algérie. Imposée par l’histoire, elle est, qu’on le veuille ou pas, une réalité nationale. Vouloir chasser de notre mémoire littéraire Amrouche ou Sénac, Kateb ou Mammeri : un comportement d’automutilation. L’anathème jeté sur cette part de notre culture est franchement scandaleux. Il constitue une atteinte à la liberté d’expression et de création. » Son rapport à la langue française qui « ne s’oppose pas à la langue de la mère, mais entretient avec elle un rapport d’échange créatif ». Touché par l'œuvre de Jean Sénac à qui il consacra un essai et qu'il considérait comme un guide. Pour Rabah Belamri, questionneur infatigable du monde, la poésie n'est sans doute qu'un moyen qui participe, avec d'autres, à une quête de clarté et de plénitude. Un besoin de lumière comme d'une eau longtemps refusée mais aussi une dénonciation de tout ce qui grève le quotidien et l'espérance : la femme aliénée ou marchandée, le bonheur séquestré. Il meurt le 28 septembre en 1995 à Paris la suite d'une intervention chirurgicale, laissant son œuvre inachevée.
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